« UN COÛT ALIMENTAIRE LE PLUS BAS POSSIBLE, C'EST NOTRE CHEVAL DE BATAILLE »
Concilier coût alimentaire bas, performances de reproduction de bon niveau et prairies permanentes productives, c'est ce à quoi s'attellent Marie-Christine et Dominique Meslin.
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MARIE-CHRISTINE ET DOMINIQUE MESLIN S'AVOUENT SURPRIS à l'annonce des 34 760 l de lait produit par durée de vie de l'animal. Soit 9 000 l de plus que la moyenne des exploitations normandes en race prim'hosltein suivies par Cogedis-Fideor. « Ce résultat est assez logique », estiment-ils après réflexion. La conduite des élèves, fondée sur un âge au premier vêlage de 24 mois hisse rapidement les génisses au rang de laitières. Avec 49 ha de SAU, les éleveurs préfèrent concentrer les ressources fourragères de l'exploitation sur le troupeau laitier en limitant le nombre de jeunes animaux à élever. D'ailleurs, leur stabulation, aménagée en 60 logettes raclées en 2009, ne prévoit pas de lot de génisses de 2-3 ans.
« UN TAUX DE RENOUVELLEMENT SEULEMENT À 23 % »
Le couple ne cherche pas un niveau d'étable à 9 000 ou 10 000 kg par vache. Leur objectif : produire le maximum en recourant le moins possible aux intrants. Avec 8 073 l par vache (résultats comptables) et un total de 34 760 l, leurs vaches réalisent chacune en moyenne 4,3 lactations, soit 0,5 de plus que la moyenne de leur groupe de comparaison Manche Conseil Élevage. Ce résultat est à rapprocher du faible taux de renouvellement : 21,3 % en 2010 et 22,5 % en 2011 (exercice comptable du 1er février au 31 janvier). « Nos comptages sous la barre des 200 000 cellules/ml ne nous contraignent pas à réformer », avancent-ils. La moyenne 2011-2012 enregistrée par Manche Conseil Élevage s'élève à 177 000 cellules. Le remplacement de l'aire paillée par des logettes en 2009, leur paillage tous les deux jours à raison de 2 kg/vache/jour, les bouses ôtées des logettes deux fois par jour, le raclage des couloirs plusieurs fois par jour si nécessaire, le post-trempage toute l'année, etc. : toutes ces mesures mises bout à bout s'avèrent efficaces.
« En race prim'holstein, nous ne misons pas sur la viande. Notre but est d'élever des animaux pour produire du lait. Nous ne nous débarrassons pas d'une vache qui produit un peu moins de lait si elle ne pose pas de problème. En contrepartie, elle aura un peu plus de taux, qui ne sont pas notre point fort. »
Le couple n'attribue pas ce faible taux de renouvellement aux résultats de reproduction du troupeau. En 2010-2011, il enregistre sur les vaches un taux de réussite de 34 % à la première insémination artificielle, pratiquée en moyenne à 72 jours, contre 44 % pour le groupe de comparaison.
« À 40 % MOINS ÉLEVÉ QUE LA MOYENNE »
Il aura fallu en moyenne 2,8 IA pour que la dernière soit fécondante. Les résultats 2011-2012 sont sur la même tendance. On aurait pu penser que leur souhait de limiter la durée de tarissement à six semaines pour écrêter le pic de lactation aurait un effet bénéfique sur la reprise de cyclicité des vaches (voir le dossier de L'Éleveur laitier n° 195).
La durée moyenne de tarissement des 32 vaches en 2011- 2012 est de 42 jours. « Nous ne voulons pas de vaches à 60 kg en début de lactation obtenus à partir de concentrés énergétiques. Nous préférons atteindre 45 kg grâce à la ration fourragère hivernale. Elle est composée à 80 % de maïs-ensilage et à 20 % d'ensilage d'herbe (pour un total de 18 kg de MS). » Pas plus de 2 kg de concentré de production sont distribués aux fraîches vêlées et 1 kg aux génisses pour accompagner leur dernière année de croissance. « Avec une telle ration, des prises de sang effectuées cet hiver montrent qu'elles sont en subacidose. En déficit énergétique en début de lactation, leur reproduction en est affectée. Nous en tiendrons compte l'hiver prochain. »
Les efforts de Dominique et Marie-Christine sont principalement focalisés sur le coût alimentaire de l'atelier lait. Avec 68,71 €/1 000 l, ils réussissent l'exploit d'être 40 % en dessous de la moyenne des clôtures comptables Cogedis-Fideor de juillet à septembre 2011 pour des vaches à plus de 7 000 l. Leur recette est double. Avec 32,47 €/1 000 l de coût de SFP contre 39,64 €/1 000 l en moyenne, elle réside d'abord en un bon ajustement maïs-herbe de leur surface fourragère. Les terres étant trop argileuses pour des céréales, toute leur SAU est consacrée aux fourrages. Les 16 ha de maïs à 16 t de MS/ha suffisent largement à subvenir aux besoins de l'élevage. L'équivalent de 2 à 3 ha de maïs-ensilage est généralement vendu chaque année.
Conforme à leur démarche, le recours aux engrais est minimisé à 80 kg/ha d'engrais « 18-46 » pour booster le maïs à son implantation et à l'achat de 5 t/ha de fumier de volailles. La fertilisation est complétée par le fumier de la ferme.
Côté prairies, les 33 ha ne comptent que 6 ha de RGA + trèfle blanc semés l'an passé.
« UNE DISTRIBUTION DE CONCENTRÉS SOUS LES 700 KG »
« Le retournement d'une prairie permanente est exceptionnel. Celle-ci était en mauvais état. » Au bout du compte, les dépenses engagées sur les prairies ne consistent qu'en 120 unités d'azote en trois passages sur les parcelles 100 % pâturées.
Celles fauchées reçoivent le purin récupéré de l'égouttage du fumier. Une fosse de 160 m3 a été construite sous la fumière en 2010 pour un investissement de 30 000 €. « Ces 33 ha sont regroupés autour de la stabulation. 25 ha sont destinés aux vaches, dont 13 ha au printemps. Nous mettons tout en oeuvre pour qu'elles pâturent dans de bonnes conditions. » Déprimage des parcelles dès que les sols sont portants (fin février cette année), ébousage si possible après chaque pâturage, fauche des refus après le deuxième ou troisième passage, analyse du pH de la prairie tous les cinq ans et chaulage, etc. « Une analyse de notre système fourrager montre que nos prairies permanentes ont un rendement décevant. Nous testons des paddocks de 1 ha sur 2,5 jours et un temps de repousse de 25-30 jours pour faire des stocks d'herbe sur pieds. Jusqu'à l'an passé, nous pratiquions un pâturage de 6 à 7 jours sur 3 à 4 ha et un temps de repousse de 17-18 jours. Avec ce système, les animaux ont tendance à rebrouter les derniers jours les pieds broutés à leur entrée dans la parcelle. »
Pas question pour autant avec cette nouvelle formule de modifier la complémentation.
Certes, l'an passé, les éleveurs ont écorné leur règle de fermeture de silo au printemps en conservant 3 kg de MS de maïs-ensilage. Néanmoins, ils conservent leur politique draconienne sur les concentrés : au pâturage 1 kg de tourteau de colza sur les fraîches vêlées, en hiver 2,5 kg de tourteau de colza et tourteau de colza tanné à partir de 30 l, en plus du concentré de production.
Conséquence : la consommation de concentrés se résume à 698 kg/VL en 2011 et 830 kg en 2010. Le coût de concentrés de l'atelier lait suit : 36,24 €/1 000 l en 2011 contre en moyenne 73,97 €. Il faut dire qu'à la faible quantité consommée s'ajoute le prix d'achat des concentrés compétitif. Le contrat annuel de 30 à 35 t de tourteau colza classique et tanné leur assure en 2011 un prix moyen de 259 €/t et en 2010 de 217 €/t.
CLAIRE HUE
Marie-Christine et Dominique Meslin réservent 33 ha, sur les 49 ha de SAU, au pâturage des vaches et des génisses. © C.H.
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